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En Italie, une affaire de « fichage » secoue la scène politique

Le terme s’est imposé, omniprésent, dans les médias italiens : « dossieraggio », ou fichage, soit l’utilisation d’informations confidentielles en vue de constituer des dossiers compromettants contre des individus exposés médiatiquement. D’après les informations relayées par la presse italienne sur une enquête menée par le parquet de Pérouse (Ombrie), des centaines de personnalités, dont de nombreux responsables politiques et plusieurs ministres, ont fait l’objet de telles manœuvres illégales, menées par un officier de la Guardia di finanza, la police financière, lorsqu’il était affecté à la direction nationale antimafia et antiterroriste.
Selon le procureur national antimafia, Giovanni Melillo, et le procureur de Pérouse Raffaele Cantone, auditionnés au Parlement mercredi 6 et jeudi 7 mars, l’affaire pourrait aller bien au-delà et impliquer, au regard du volume des données utilisées, un réseau plus large agissant dans le cadre d’un système d’échanges d’informations confidentielles à grande échelle.
Les origines de l’affaire remontent à l’aube du mandat de Giorgia Meloni, en octobre 2022, quand le quotidien d’opposition Domani publie une série d’articles sur des relations d’affaires du futur ministre de la défense Guido Crosetto, constituant des conflits d’intérêts selon les journalistes. Après une plainte de M. Crosetto, une enquête est lancée sur les conditions dans lesquelles les données confidentielles servant de base aux révélations de Domani ont été obtenues. Les enquêteurs remontent alors jusqu’à la source des journalistes, l’officier de la Guardia di finanza Pasquale Striano. Ce dernier aurait en effet extrait de bases de données confidentielles utilisées dans la lutte contre le blanchiment d’argent et la criminalité organisée des informations portant sur les opérations bancaires de M. Crosetto.
De nouveaux détails émergeant dans la presse, on apprend début mars que les personnes visées par l’enquête sont au nombre de quinze, dont les trois journalistes de Domani auteurs des articles, qui dénoncent dorénavant une atteinte à la liberté de la presse. La portée des investigations s’est par ailleurs considérablement élargie. L’enquête du parquet de Pérouse montre en effet qu’en plus de M. Crosetto près de 800 personnes ont fait l’objet de recherches illégales, sans que l’on sache si les informations obtenues ont été rémunérées ou transmises à d’autres fins.
Le président du Sénat, Ignazio La Russa, en fait partie, de même que le ministre des entreprises et du « made in Italy », Adolfo Urso, le ministre de l’agriculture, Francesco Lollobrigida, et le sous-secrétaire d’Etat à la présidence du conseil, Giovanbattista Fazzolari, très proche de Giorgia Meloni, parmi d’autres responsables le plus souvent classés à droite mais aussi les deux anciens présidents du conseil Matteo Renzi, alors à la tête du centre gauche, et Giuseppe Conte, du Mouvement 5 étoiles. Des entrepreneurs et des représentants du monde du spectacle comptent aussi parmi les personnes visées.
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